La Russie nous fascine par l’ampleur de son territoire, le souffle de son histoire, son basculement politique après sept décennies de communisme dans une économie capitaliste radicale avec tous ses excès, enfin et surtout par son peuple et sa fameuse « âme russe » que nous retrouvons dans sa photographie considérée
comme l’une des plus riches au monde.
Ce peuple qui fut en son temps le sujet privilégié de la photographie soviétique et de ses nombreux mouvements exaltant l’idéologie communiste officielle reste LE sujet de la photographie contemporaine russe.
Mais aujourd’hui, le vent de la liberté circule et habite les photographes depuis maintenant une vingtaine d’années. Le monopole de la diffusion des images des grandes agences soviétiques ( comme Tass ) a été dissous laissant place à la création de nouvelles agences mais aussi à de multiples lieux dédiés à la photographie historique ou contemporaine: des musées comme celui de La Maison de la photographie à Moscou, de nombreuses galeries et des écoles spécialisées.
C’est donc dans ce contexte libéré de l’art officiel que s’affirme ce renouveau photographique passionnant où une nouvelle génération de photographes exprime par leurs images des regards novateurs révélant des itinéraires singuliers .
Ce prochain numéro de l’Insensé tente de rendre compte de « cette scène photographique, d ‘une incessante vitalité et d’une incroyable diversité, nourrie d’univers photographiques très personnels et hétérogènes, à l’image de la société dont elle consitue un miroir fragmenté. »*Malgré les fréquents soubresauts politiques de leurs pays, une nouvelle génération d’artistes impulse un autre tempo, se découvre et vibre d’une dynamique culturelle captivante.
Pour Jean-Loup Pivin, cofondateur de la Revue Noire, la photographie africaine, « fut un commerce florissant avant d’être un art ». En 2007, la grande figure de la photographie malienne, Malick Sidibé, reçoit le Lion d’Or à la Biennale de Venise, consécration artistique, qui ponctue une suite de prestigieuses manifestations culturelles africaines initiées dans les années 90, de la Biennale de Dakar - Dak’Art - aux Rencontres de Bamako entre autres. Cette récompense signe une reconnaissance internationale de la scène photographique africaine, braque enfin
les projecteurs sur les artistes contemporains de ce grand continent et stimule les nouveaux acteurs du marché de l’art, galeristes, collectionneurs et mécènes africains.
Ce numéro de L’Insensé souhaite faire partager son enthousiasme au regard d’images ancrées dans un contexte culturel et spirituel qui leur est propre, se révélant souvent d’une formidable puissance imaginative, d’une vitalité
attractive, d’une luminosité colorée, d’une belle réussite plastique.

Une photographie panafricaine qui séduit et s’impose. Place à l’Afrique !